Faisabilité d’un projet de construction: éléments à prendre en compte avant de démarrer le projet
Mettre en œuvre un projet de construction implique bien plus qu’une bonne idée, un design attrayant ou un budget approximatif. Avant de poser la première pierre, il convient de se poser une question fondamentale : le projet est-il viable tel qu’il est conçu? La réponse n’est pas toujours aussi évidente qu’il y paraît, surtout lorsqu’on passe du papier au chantier.
Cela dit, parler de viabilité nécessite de préciser l’approche. Il existe des études techniques à réaliser dans les phases initiales du projet — rapports de faisabilité, certificats de compatibilité urbanistique, notamment en cas de changement d’usage — qui relèvent de cabinets d’ingénierie ou d’architecture. Cet article n’aborde pas ce type d’analyse préliminaire, mais se concentre sur les facteurs constructifs et opérationnels qui, selon l’expérience du terrain, peuvent faire la différence entre une exécution fluide et une succession d’imprévus.
En effet, même lorsqu’un projet est officiellement validé, de nombreux éléments méritent d’être passés en revue avant de démarrer les travaux. Détails constructifs insuffisamment définis, contradictions dans la documentation (plans et métrés discordants), estimations financières qui ne prennent pas pleinement en compte les spécificités du chantier… Tous ces points peuvent influencer le déroulement plus qu’on ne l’imagine. Les analyser en amont est essentiel pour prendre des décisions réalistes et éviter les problèmes en cours d’exécution.
Budget prévisionnel vs budget réel
Un autre aspect critique de la viabilité réside dans la cohérence entre le design prévu et le budget alloué. Il n’est pas rare de rencontrer des projets techniquement solides dont les prévisions financières sont déconnectées du marché ou des conditions réelles du chantier.
Lorsque l’on évalue la viabilité d’un projet de construction, l’un des points clés est la correspondance entre le budget estimé et la réalité du terrain. Souvent, un projet peut être parfaitement conçu sur le plan technique, mais si son exécution ne respecte pas le calendrier prévu — retard de permis, démolitions préalables, décisions tardives du client —, tout change. Les prix des matériaux peuvent augmenter en quelques semaines, les fournisseurs perdre en disponibilité, et les coûts liés à l’hébergement, aux déplacements ou à la location de matériel exploser si le chantier coïncide avec des périodes de forte demande. Il peut même arriver qu’un simple décalage dans le planning rende impossible l’hébergement des équipes itinérantes, rendant l’exécution inviable. Ces variables, rarement indiquées sur les plans, pèsent pourtant lourd dans le coût et la logistique d’un chantier.
L’exemple précédent illustre l’importance de réviser le budget avec des critères techniques et opérationnels : cela permet de dimensionner correctement les ressources et d’éviter de graves écarts pendant les travaux.
Le projet est-il viable… à l’endroit souhaité?
La viabilité d’un projet de construction dépend également de l’environnement physique et réglementaire. Autrement dit : peut-on construire ce qui a été conçu, en ce lieu, dans ce bâtiment, dans ces conditions ?
Parmi les facteurs les plus importants à considérer:
- Limitations structurelles ou spatiales du site ou du bâtiment existant: dalles ne supportant pas certaines charges et nécessitant des renforts, bâtiments anciens mal isolés requérant des solutions acoustiques coûteuses, manque d’informations sur l’état initial révélant des imprévus après démolition…
- Accessibilité et logistique du chantier: certains locaux n’offrent pas d’accès direct pour le chargement/déchargement, manquent de monte-charges ou sont soumis à des plages horaires restreintes, ce qui doit être pris en compte dans la planification.
- Réglementations locales ou urbanistiques: en centre historique, dans les zones classées ou pour les bâtiments protégés, toute intervention doit être validée par l’administration et peut subir davantage de contraintes qu’anticipé.
Clarifier ces points dès le début aide à définir des délais et des phases de projet plus réalistes.
Délais, autorisations et coordination: ce qui n’apparaît pas toujours dans le planning
Enfin, une part de la viabilité n’est ni sur les plans ni dans le budget: la coordination avec les intervenants et les délais administratifs réels.
Par exemple, même si les concepteurs indiquent correctement les délais réglementaires, les services administratifs peuvent accumuler des retards imprévus dans l’examen des dossiers. Cela peut prolonger les délais bien au-delà des estimations initiales, sans que cela relève de la responsabilité directe des techniciens.
En résumé, planifier c’est construire intelligemment
Vérifier la viabilité d’un projet de construction avant de lancer les travaux n’est pas un simple formalisme: c’est l’occasion d’anticiper les erreurs, de réaligner les attentes et de garantir que le projet pourra être mené à bien.
Investir du temps dans l’analyse de ces aspects est, à moyen terme, un moyen judicieux d’économiser des ressources, d’éviter les contretemps et d’assurer une exécution plus sereine. Chaque projet est unique, mais tous bénéficient d’un examen technique avant le premier coup de marteau.
